Intervention de Dominique Mourier et Tristan Nuiaouët, lors de la rencontre des jeunes, New York

Par   5 mai 2010
Texte intégral de l’intervention de Dominique Mourier, Maire d’Arradon et Vice-président de l’AFCDRP, et de Tristan Nuiaouët, jeune de la commune, lors de la rencontre des jeunes à New York, le 4 mai 2010.
Accepter nos différences, pour un meilleur vivre ensemble
Dire, montrer et agir ou comment accueillir une pensée esthétique de la paix, telle peut être notre mission.
Avec vous, notre présence aujourd’hui à New York est un symbole fort pour dire notre énergie d’un désir de paix fondée sur des équilibres nouveaux, pacifiques, fondés sur la remise en cause de l’arme nucléaire.
Notre présence, par la force du nombre et des engagements, montre cette volonté de créer une autre cohésion internationale, plus respectueuse de l’humanité.
Notre présence à tous, laisse filtrer le message de jeunes, relais indispensables comme acteurs dans ce cheminement, impulsant cette part de rêve nécessaire et ce besoin d’actions porteurs d’idéaux.

Tristan est là, au nom de toute une jeunesse, une jeunesse française, une jeunesse européenne, une jeunesse mondiale.
Étudiant, passionné de voile, manager skipper lors de la dernière coupe du monde de la voile étudiante, Tristan, en portant les couleurs de l’AFCDRP, a souhaité transmettre dans cette compétition l’idéal d’une culture de paix, saisie et comprise par toute une jeunesse.
Tristan est deux fois plus jeune que moi, mais il a deux fois plus envie d’écrire cette page avec nous et d’interpeller au-delà des frontières le message porté par Saint Exupéry :
« Fais de ta vie un rêve, et d’un rêve une réalité »
Et je lui laisse la parole pour dire comment.
Merci Monsieur le Maire.
Je m’appelle Tristan, j’ai 22 ans, j’habite en France. Je suis heureux d’habiter en France, un beau pays, mais un pays qui dispose de l’arme nucléaire.
En prenant la parole à cet instant, je mesure toute l’ambiguïté d’une situation liée d’un côté à la présence de l’arme atomique comme force de dissuasion, assurant une certaine forme de paix, et de l’autre, sa prolifération, enjeux d’un risque majeur pour l’humanité.
Je fais partie d’une génération et d’un environnement qui n’a pas connu de conflits.
Notre Europe a traversé deux guerres le siècle dernier. Le monde entier a découvert en 1945 l’effet dévastateur de la bombe atomique. Je l’ai appris à l’école. Mes aînés me l’ont enseigné. J’ai connu peu de privations.
Mais je suis jeune, citoyen du monde avec mes interrogations sur ces contrastes entre le dire de certains et le faire d’autres, que ce soit au niveau des dirigeants comme au niveau des territoires.
Le monde que nous connaissons est un monde individualiste. Il apporte beaucoup de chose et vous laisse en même temps sans aide. Ce monde médiatisé à outrance laisse entrevoir plusieurs formes de solitude.
Or on a besoin de s’unir, besoin d’être reconnu, et besoin de militer autour de valeurs, capables de faire vivre une meilleure sérénité.
La violence, sous toutes ses formes, ne résout rien. C’est par l’échange qu’on peut faire changer les choses. Le conflit est un frein.
Notre monde fait référence à la compétition, la compétition nucléaire n’échappe pas à la règle. Il devient urgent de redéfinir la notion de compétition même. Non pas cette compétition qui vise à être le meilleur à tout prix, mais une réelle compétition qui donne à voir le meilleur de soi.
C’est la compétition des talents qui valorise ce que chacun peut donner à l’humanité.
Bien sûr, il existe bien des différences entre les êtres humains, des différences ancrées dans une histoire, une culture, des traits de caractère.
Mais il y a aussi des espaces de ressemblance qui renvoient à ce qui peut être commun, ou les différences s’estompent.
Dans un environnement manipulé par la mondialisation, l’enjeu est de placer l’individu dans son aptitude d’ouverture, de respect et de tolérance.
Cette démarche s’inscrit dans une progressive acceptation de ce qui nous distingue. Un exercice ancré dans une forme de pratique qui influence des comportements.
Une valeur au service de petite paix locale qui cherche à réunir plutôt qu’à diviser. C’est dans cette perspective qu’avec les jeunes du monde entier, je souhaite que nous écrivions ensemble la charte de l’acceptation de nos différences, un texte fondateur de valeurs à partager et à vivre, permettant de déclarer la guerre à toute forme de conflit et faire taire définitivement l’arme nucléaire comme rapport de force entre les peuples.
Merci.