Lettre ouverte de Maires pour la Paix

Par   28 avril 2016

800px-United_Nations_Geneva_2010-06-30_HenryMühlpfordtAlors que la 2e session du Groupe de travail à composition non-limitée (OEWG) sur le désarmement nucléaire s’ouvre lundi prochain aux Nations Unies à Genève, Maires pour la Paix interpelle avec cette lettre ouverte les dirigeants internationaux pour que leurs gouvernements soient représentés lors de ces discussions cruciales pour faire avancer le désarmement nucléaire.

Nous, Maires pour la Paix, écrivons aujourd’hui pour exprimer notre espoir sincère que tous les États membres de l’ONU participeront au Groupe de travail à composition non-limitée sur le désarmement nucléaire de l’Assemblée générale des Nations Unies et prendront part à des délibérations constructives. Qu’ils soient des États dotés d’armes nucléaires ou non, tous les États partagent un devoir commun de promouvoir le désarmement nucléaire et la non-prolifération. Ensemble, les États doivent respecter le souhait de tous les peuples du monde de parvenir à l’élimination des armes nucléaires.

Soixante-dix ans se sont écoulés depuis que l’Assemblée générale a annoncé l’objectif du désarmement nucléaire pour la première fois. Et pourtant, nous vivons toujours dans un monde rempli de violence, d’innombrables foyers de conflits et de près de 16 000 têtes nucléaires. Des dirigeants politiques ont menacé ouvertement d’utiliser de telles armes tandis que d’autres soutiennent résolument leur utilisation dans le cadre d’une doctrine de dissuasion. Au-delà de ces risques se trouve le spectre du terrorisme nucléaire, un des sujets principaux du dernier Sommet sur la sûreté nucléaire à Washington D.C. Nous sommes profondément préoccupés par le fait que, bien qu’il n’y ait pas eu d’utilisation d’armes nucléaires depuis les attaques tragiques de Hiroshima et de Nagasaki en 1945, le risque qu’elles soient utilisées reste réel et même, pourrait croître à cause d’accidents, d’erreurs de calcul ou encore d’une utilisation volontaire. Cette situation dangereuse est une source de préoccupation particulière pour nous car si de telles armes étaient employées – quelle qu’en soit la raison- les villes et d’innocentes personnes paieraient certainement le prix ultime.

C’est pourquoi nous les maires, qui avons un sens aigu de notre responsabilité envers la sécurité et le bien-être de nos concitoyens, soutenons pleinement la décision de l’Assemblée générale de mettre en place ce deuxième Groupe de travail à composition non-limitée et plaçons de grands espoirs dans le fait qu’il traite « de mesures légales concrètes et efficaces, de dispositions et de normes légales » nécessaires pour parvenir au désarmement nucléaire mondial. À cet égard, nous demandons instamment à tous les États membres de l’ONU de participer à ce groupe de travail et à commencer des discussions constructives sur une convention relative aux armes nucléaires et des négociations pour la conclure.

La doctrine actuelle de dissuasion nucléaire peut non seulement échouer en entraînant des conséquences humanitaires inacceptables mais aussi mener aux dangers de la prolifération nucléaire, comme nous pouvons le voir avec les évolutions du nucléaire et des missiles de la Corée du Nord. De plus, nous questionnons sérieusement le fait que la dissuasion nucléaire puisse offrir quelque solution efficace que ce soit face aux défis sécuritaires que nous affrontons aujourd’hui, car nous croyons que les armes nucléaires sont inutiles à la fois pour prévenir et répondre au terrorisme – et leur existence même entraîne, avec chaque jour qui passe, de nouveaux risques d’emploi, comme le terrorisme nucléaire.

Les nouveaux défis exigent de nouvelles idées et des approches novatrices. La communauté internationale – y compris les villes, en particulier – doit mettre ses forces en commun et rechercher la sécurité sans se reposer sur la dissuasion nucléaire, en se fondant sur une volonté sincère de paix partagée par tous les peuples. Nous encourageons par conséquent les dirigeants mondiaux, plus spécialement ceux des États dotés d’armes nucléaires et ceux sous ‘parapluie nucléaire’, à :
1. s’unir par une prise de conscience commune que nous appartenons tous à une seule famille humaine
2. s’engager dans des démarches innovantes pour parvenir à la paix et à la sécurité sans armes nucléaires
3. et travailler collectivement pour améliorer la compréhension mutuelle et la valorisation de la diversité.

Une sécurité réelle ne pourra être véritablement obtenue qu’à travers le dialogue, la compréhension mutuelle et la coopération et non par la confrontation, les menaces réciproques ou la rivalité.

À la lumière de ces éléments, nous pensons que l’interdiction légale des armes nucléaires renforcerait la sécurité de tous. Tous les pays soutiennent l’objectif du désarmement nucléaire – il est temps maintenant de commencer les discussions pour traduire cet objectif en actions concrètes. Des engagements légalement contraignants, y compris ceux liés à la vérification, l’irréversibilité et à la transparence paveraient la route vers un monde sans armes nucléaires. Nous ne devons pas non plus ménager nos efforts pour restreindre les armes conventionnelles, pour réduire les dépenses militaires et renforcer les règles de base de la Charte des Nations Unies concernant l’interdiction des menaces d’utilisation de la force et le devoir de résoudre les conflits par des moyens pacifiques, cela contribuant à renforcer la sûreté de tous les États. Les discussions sur le désarmement nucléaire doivent être parallèles à ces efforts.

En ayant cela à l’esprit, les dirigeants mondiaux doivent exercer un leadership décisif. Ils doivent, avec la ferme détermination d’interdire les armes nucléaires dans le monde entier, se mettre d’accord sur une direction claire pour l’élimination des armes nucléaires. Cet accord entre dirigeants accélèrera sans aucun doute les initiatives pour le désarmement nucléaire et la non-prolifération. Maires pour la Paix, avec un large éventail de partenaires de la société civile, soutient pleinement ce type d’initiatives car nous pensons que cela sert les intérêts de nos citoyens et de toute l’humanité. Nous allons également intensifier nos efforts pour nourrir un environnement international qui transcende les différences et favorise la création de valeurs communes.

Les 10 et 11 avril, Hiroshima accueillait la réunion des Ministres des Affaires étrangères du G7 au cours de laquelle les participants ont adopté la Déclaration de Hiroshima des Ministres des Affaires étrangères du G7 sur le désarmement nucléaire et la non-prolifération. Cette déclaration reconnaît que « les habitants de Hiroshima et de Nagasaki ont été victimes d’une dévastation et d’une souffrance humaine immense à cause des bombardements atomiques », encourage d’autres dirigeants politiques à venir à Hiroshima et Nagasaki et conclut que les Ministres « partagent le profond désir des habitants de Hiroshima et de Nagasaki que les armes nucléaires ne soient plus jamais utilisées ». Lors de leur visite de Hiroshima, les ministres du G7, venant d’États nucléaires et d’États sous ‘parapluie nucléaire’, ont pu voir par eux-mêmes les réalités du bombardement atomique, ont partagé leurs vœux de paix et réaffirmé leur engagement en faveur du désarmement nucléaire.

Maires pour la Paix continuera à encourager les dirigeants du monde entier à visiter Hiroshima et Nagasaki pour qu’ils constatent directement les conséquences humanitaires horribles des bombardements atomiques. Lorsqu’ils visiteront ces villes, nous espérons qu’ils verront, entendront, sentiront, réfléchiront et par-dessus tout, se forgeront une conviction inébranlable pour progresser vers un monde sans armes nucléaires. Notre plus sincère espoir est que ces dirigeants commenceront à agir au nom du désarmement nucléaire en ayant une profonde compréhension des souhaits de Hiroshima et de Nagasaki, qui prennent leur source de la conviction profondément humaine des hibakusha que « personne ne doit souffrir comme nous avons souffert ».

Une fois de plus, nous exprimons notre solide espoir que plus de représentants, y compris ceux des États dotés d’armes nucléaires, participeront à ce Groupe de travail et engageront des délibérations constructives, menant à un résultat final de compréhension mutuelle sur des mesures légales efficaces pour aller vers un monde sans armes nucléaires.

Président Maire de Hiroshima, Japon
Vice-président Maire de Nagasaki, Japon
Vice-président Lord Maire de Hanovre, Allemagne
Vice-président Maire de Volgograd, Russie
Vice-président Maire de Malakoff, France
Vice-président Maire de Muntinlupa, Philippines
Vice-président Lord Maire de Manchester, R.U.
Vice-président Maire de Akron, U.S.A.
Vice-président Maire de Ypres, Belgique
Vice-président Maire de Biograd na Moru, Croatie
Vice-président Maire de Granollers, Espagne
Vice-président Maire de Halabja, Irak
Vice-président Maire de Bruxelles, Belgique
Vice-président Maire de Fongo-Tongo, Cameroun
Vice-président Maire de Mexico, Mexique
Vice-président Maire de Frogn, Norvège
Membre exécutif Gouverneur de Bangkok, Thaïlande
Membre exécutif Maire de Fremantle, Australie
Membre exécutif Maire de Semey, Kazakhstan
Membre exécutif Maire de Sarajevo, Bosnie-Herzégovine
Membre exécutif Maire de Cochin, Inde
Membre exécutif Maire de Montreal, Canada
Membre exécutif Maire de Wellington, Nouvelle Zélande
Membre exécutif Maire de Santos, Brésil
Membre exécutif Maire de Cartago, Costa Rica
Membre exécutif Maire de Bogota, Colombie