Par Jean-Marie Collin, expert indépendant et chargé de campagne pour l’AFCDRP/Maires pour la Paix.
Pays marqué par la culture de paix et par les essais nucléaires français, la Nouvelle Zélande vient une nouvelle fois d’affirmer son opposition aux armes nucléaires !
Le 8 juin 1987, le gouvernement travailliste fait adopter une loi qui établit le territoire Néo-zélandais comme dénucléarisé : « to establish in New Zealand a Nuclear Free Zone, to promote and encourage an active and effective contribution by New Zealand to the essential process of disarmament and international arms control ».
Cette loi interdit ainsi à tous les navires nucléaires d’entrer dans les eaux territoriales. Par navires nucléaires, il faut entendre les navires et sous-marins transportant des armes nucléaires et/ou étant propulsé par un réacteur nucléaire. Cette loi entérine pleinement l’adhésion de ce pays au traité de Rarotonga (Zone exempte d’armes nucléaires du Pacifique sud, entré en vigueur en décembre 1986).
La société civile fut extrêmement active pour arriver à ce résultat. Ainsi avant même que ce pays ne devienne libre d’armes nucléaires, c’est la petite ville de Christchurch (ville membre de Maires pour la Paix) qui a pris la décision de devenir une ville libre d’armes nucléaires. Une ville à l’histoire militante, puisqu’au 19ème siècle, les femmes rejoignirent le mouvement international du droit de vote des femmes et furent les premières à en bénéficier en 1893.
Cette décision fut très controversée à l’époque par les États-Unis, principalement en raison de l’appartenance de ce pays au traité militaire ANZUS (l’Australie en est également membre).
Pour commémorer cette décision historique, de nombreuses manifestations ont eu lieu dans le pays, ainsi qu’une commémoration officielle au Parlement par des membres de la société civile comme par le ministre du Désarmement et du Contrôle des armements…
Cette prise de position est devenue aujourd’hui partie intégrante de l’identité nationale de ce pays, dont l’action pour le désarmement international est très importante. Outre l’existence de programme éducatif dédié à la paix et au désarmement dans différentes universités, notons que l’un des récents récipiendaire du Right Livelihood Award (communément appelé Prix Nobel alternatif) est un Néo-Zéalndais. Alyn Ware coordonnateur mondial du réseau des Parlementaires pour la Non prolifération Nucléaire et le Désarmement (PNND), s’est ainsi vu récompensé en 2009 pour « sa défense et ses initiatives efficaces et créatives durant plus de deux décennies » en faveur de « la paix et la disparition des armes nucléaires dans le monde ».
La Nouvelle-Zélande vient également d’affirmer son soutient à l’action du mouvement de la Croix Rouge Internationale, afin de renforcer la conscience au sein de l’opinion publique nationale et internationale du danger que représentent les armes nucléaires.