Appel de l’AFCDRP-Maires pour la Paix France à l’approche d’une année de guerre en Ukraine

Par   20 février 2023

Appel de l’AFCDRP-Maires pour la Paix France à l’approche d’une année de guerre en Ukraine

L’AFCDRP Maires pour la Paix France, branche française de Mayors for Peace, appelle ses collectivités membres à marquer notre engagement pour la Paix en se joignant à des mobilisations en France et dans le monde annoncées par le Bureau International de la Paix et le Collectif en Marche pour la Paix du 24 au 26 février 2023 partout en France. (lien de l’appel)

La guerre en Ukraine provoquée par la Russie, qui a déjà coûté la vie à plus de 300000 personnes dans ces deux pays, provoquant destructions et déplacements de millions d’ukrainienn.e.s, a également des répercussions économiques et écologiques néfastes sur le monde entier et en particulier sur les populations les plus vulnérables. Cette guerre de haute intensité, à laquelle s’ajoutent plus d’une soixantaine de guerres en cours de par le monde, couplée à un système économique et financier aux effets destructeurs qui accentue la précarité et a des retombées environnementales titanesques, participent à renforcer les insécurités déjà bien trop nombreuses de nos concitoyen.ne.s.

De ces constats accablants qui demandent des réponses politiques et sociales fortes, nous ne pouvons rester impassible face au choix du gouvernement français d’augmenter sur 7 ans le budget pour l’armement (selon la Loi de programmation militaire 2024-2030) à 413 milliards d’euros (qui était auparavant de 295 milliards d’euros pour la période 2019-2025) pour la rénovation et la modernisation d’infrastructures et des armes (dont les armes nucléaires), au détriment du financement et d’une économie de la Paix : pour les services publics, la santé, l’éducation, le développement durable…. Cette augmentation est profondément injustifiée au regard des défis de pauvreté et de l’urgence climatique dont les premiers touchés sont les gouvernements locaux et les populations. Nous ne l’acceptons pas !

N’oublions pas les leçons de la longue histoire des guerres, et en particulier entre pays européens ! L’issue à un conflit ne saurait être trouvée par la force des armées mais bien par les voies diplomatiques et la coopération entre les peuples. La sécurité ne peut être seulement considérée par le prisme du militaire et des armes, mais par la prise en considération de l’humain et de son environnement. D’autant que nous devons être à la hauteur des enjeux humains de cette guerre en Ukraine comme pour la déportation des enfants ukrainiens vers la Russie qui a débuté il y a près d’un an. Cet enjeu demande une pression politique majeure pour la réalisation d’une enquête indépendante de la Cour pénale internationale (CPI) et une réponse urgente des Etats pour la protection des enfants.

En accord avec les craintes du secrétaire des Nations Unies, António Guterres d’un « monde [qui] se dirige vers une guerre plus large » et de manière consciente, nous ne pouvons abandonner l’objectif de Paix et accepter que la seule proposition serait l’escalade militaire, excitant les peurs et favorisant le développement de discours belliqueux et d’un climat de violence.

Par ailleurs, l’envoi en Ukraine de chars lourds porteurs d’obus à uranium appauvri verrait le risque de provoquer des conséquences environnementales et sanitaires désastreuses similaires à celles des hibakusha (survivant.e.s des armes nucléaires d’Hiroshima et de Nagasaki), dont les répercussions sont non seulement pour toute la vie mais également transmises génétiquement aux enfants et petits-enfants. De telles armes ne doivent être utilisées.

En sus, les menaces nucléaires de la Russie et l’escalade nucléaire dans le monde, sont d’autant de constats que la dissuasion nucléaire est une impasse ; elle ne garantit pas la sécurité mondiale. La détention d’armes nucléaires, au lieu de protéger, d’une part empêche la résolution de conflits et d’autre part permet d’agresser librement l’intégrité territoriale. Nous avions en ce sens adressé à l’occasion du 2ème anniversaire de l’entrée en vigueur du Traité sur l’Interdiction des Armes Nucléaires un courrier au Président de la République l’invitant à reconsidérer le souhait de la majorité des Etats, gouvernements, ONG et citoyen.ne.s du monde pour la Paix et en faveur du désarmement nucléaire, en l’exhortant à participer à la 2ème réunion des Etats Parties au TIAN fin 2023 au siège des Nations Unies (lien de la lettre).

Nous rappelons l’importance des organisations internationales comme l’ONU, trop souvent mise à l’écart, pour accueillir les parties engagées dans les conflits et pour entamer des négociations. Les mots tels que Désarmement, Diplomatie, Coopération et Paix doivent retrouver tout leurs sens et être au cœur des discussions.

Ces mots, les collectivités territoriales françaises les mettent en action quotidiennement au travers des jumelages, de la coopération décentralisée et de la solidarité internationale. Elles ont d’ailleurs joué et continuent de jouer un rôle essentiel pour accueillir et soutenir les populations réfugiées, tout en envoyant des produits de premières nécessités à celles et ceux restées en Ukraine.

Nous, villes et gouvernements locaux, avons pleinement conscience des enjeux auxquels font face les territoires en guerre car nous sommes en première ligne pour la sécurité de nos populations. Aussi, nous appelons les villes françaises à créer un véritable mouvement pour la Paix ; c’est ce que nous prônons au sein de l’AFCDRP-Maires pour la Paix, branche française du réseau mondial Mayors for Peace (qui compte plus de 8228 collectivités membres dans 166 pays et régions du monde).

Réunissons-nous et travaillons ensemble pour la mise en partage de nos savoirs et de nos compétences, pour la recherche de solutions aux enjeux de demain et la mise en œuvre de programmes pour la Paix, la Sécurité, la Solidarité et la Reconstruction.

Philippe Rio
Maire de Grigny
Président de l’AFCDRP-Maires pour la Paix France