Vote de la résolution L.41: message de Kazumi Matsui

Par   3 novembre 2016
l41votexantheSuite à l’adoption par la Première Commission de l’Assemblée générale de l’ONU ce jeudi 27 octobre, à une large majorité d’États, de la résolution L.41 convoquant des négociations en 2017 sur un « instrument légal contraignant pour interdire les armes nucléaires », le président de Maires pour la Paix Kazumi Matsui, maire d’Hiroshima, adresse ce message à toutes les collectivités membres du réseau dans lequel il les invite à encourager leurs gouvernements à participer aux futures négociations pour parvenir plus rapidement à un monde débarrassé de la menace des armes nucléaires.

La Première Commission de l’Assemblée générale des Nations Unies a récemment adopté, à une large majorité des votes, une résolution pour convoquer des négociations en 2017 sur un « instrument juridiquement contraignant pour interdire les armes nucléaires ». L’Assemblée générale devrait adopter la résolution lors de sa session plénière de décembre et les négociations avoir lieu en mars et juin 2017. Les survivants de la bombe atomique d’Hiroshima et de Nagasaki (hibakusha), qui depuis longtemps appellent à un monde sans armes nucléaires, accueillent chaleureusement cette décision et espèrent qu’elle marquera un tournant significatif, rendant plus proche la réalisation d’un monde sans armes nucléaires.

Bien que la résolution ait été soutenue par 123 pays, la plupart d’entre eux non dotés d’armes nucléaires, les États dotés et ceux sous leur «parapluie nucléaire» se sont opposés ou se sont abstenus lors de la décision. Il est décevant d’observer ce fossé sérieux entre les nations sur cette initiative historique. Nous sommes pleinement conscients des réserves, sur la base de préoccupations en matière de sécurité, exprimées par les États opposés. Néanmoins, ils doivent se rendre compte que la doctrine de la dissuasion nucléaire n’offre aucune solution aux défis mondiaux auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui, y compris aux dits problèmes de sécurité. Il est de la plus haute importance pour l’ensemble de la communauté internationale de rechercher un nouveau paradigme mondial de sécurité qui favorise la compréhension mutuelle, au lieu de la défunte conception de dissuasion nucléaire fondée sur la méfiance mutuelle. Dans ce contexte, nous félicitons le président Obama de sa perspicacité lorsqu’il a déclaré lors de sa récente visite à Hiroshima : « Au sein des nations comme la mienne qui détiennent des armes nucléaires, nous devons avoir le courage d’échapper à la logique de la peur et viser à un monde sans ces armes ».

Nous demandons à tous les décideurs du monde, en particulier ceux des États dotés d’armes nucléaires, de se rappeler que les précédentes mesures de désarmement nucléaire ont été prises pendant des périodes de tension internationale, grâce à des initiatives conjointes de dirigeants politiques. Ainsi, les présidents Kennedy et Khrouchtchev ont signé le Traité d’interdiction partielle des essais nucléaires en 1963, peu de temps après la crise des missiles de Cuba. Les présidents Reagan et Gorbatchev ont signé en 1987 un traité bilatéral visant à éliminer les missiles nucléaires à portée intermédiaire. Le moment est venu pour les dirigeants mondiaux de faire preuve d’un leadership décisif. Rappelons-nous également que les voix unies des membres de la société civile ont toujours été le moteur des progrès accomplis dans le domaine du désarmement nucléaire.

Nous croyons fermement que, pour parvenir au désarmement nucléaire mondial le plus tôt possible, il est essentiel que tous les États membres de l’ONU – en particulier ceux qui possèdent des armes nucléaires et les États sous parapluie – participent à la conférence de négociation de l’année prochaine et commencent à s’engager dans des délibérations constructives. En tant qu’organisation non partisane qui s’efforce de réaliser le vœux les plus cher des hibakusha, celui de l’abolition des armes nucléaires, Maires pour la Paix a un rôle essentiel à jouer pour encourager les États dépendants de la dissuasion nucléaire à changer leurs politiques en leur fournissant des conseils et en menant une campagne efficace. Pour ces raisons, nous demandons à toutes les collectivités membres, et en particulier à celles des États dont les dirigeants nationaux s’attachent à la dissuasion nucléaire pour des raisons de sécurité actuelles, d’exhorter leurs décideurs politiques à participer activement à la conférence et à accélérer les négociations pour le désarmement nucléaire. Afin de rendre notre campagne plus efficace, nous espérons pouvoir échanger des idées et partager les exemples de réussite dans les villes membres et vous demandons votre coopération à cet égard.

Nous espérons et nous attendons des représentants gouvernementaux qu’ils fassent preuve d’un leadership décisif au cours des négociations de l’an prochain, ce qui nous permettra de nous rapprocher de la réalisation d’un monde sans armes nucléaires. Nous demandons à tous les membres de Maires pour la Paix de se joindre à nos efforts pour faire avancer notre cause.